Au championnat du monde de la poignée de gaz, des freinages suicidaire et de la mauvaise foi, le Joe Bar Team est roi. Un coin de bistrot, quatre grandes gueules, des motos mythiques. Sans trop savoir si le terrain de jeu favoris est la route ou le café, la course ou le défi, le chrono ou les filles. Ici, on est moitié cow-boy, moitié pilote de course, et moitié trouillard quand même. En 1975, quelques rebelles subsistent au bout de la banlieue pour penser que la moto est un art de vivre, libre. Ed' la poignée, Joe l'arsouille, Guido Brasletti et Jeannot la Case, les quatre cinglés du Joe Bar Team écumaient les routes.
20 ans plus tard, que reste-il de ces temps bénis où s'affrontaient pêle-mêle champions du monde de quartier, purs, frimeurs, essoreurs de poignée de gaz en tous genres, acharnés de mégaphone et maniaques du cylindre à trous, inconditionnels du twin anglais ou italien, du multicylindre japonnais? Inéluctablement, l'ordre est-il né du chaos? Au seuil du XXIème siècle, le souffle de la raison a-t-il définitivement balayé les derniers grains de la folie mécanique des hommes? Les jeunes adeptes du 2 roues motorisé n'ont-il plus que du sang de navet dans les veines? Hein? Tas de lopettes! ...Que nenni, que nenni! J'en veux pour preuve ces quelques témoignages:
-"Ed' la poignée, Pépé, Joe l'arsouille, Jeannot la case... Et puis les petits!... Paulo les gaz, Jéjé l'aspi, Pierrot la fouine... Tout ça c'est de la graine de champion! Vous pensez! ça fera 3 saisons que je les suis!... Cette fois encore, ils vont nous péter un chrono. On a modifié le tracé du circuit: cette année il y a beaucoup moins de passage piéton." Joe, du "Joe Bar" - sponsor officiel du JBT.
- Les éspèces de mabouls en moto?... -"Affirmatif, on les a vus. Enfin! "vus", c'est beaucoup dire... ils sont passés comme des balles! y'en a pas un qui a coupé devant le radar! regardez-moi ça... un radar tout neuf!... deux extincterus, il a fallut!..." Adjudant Dugorgeon - Gendarmerie Nationale.
-"Un peu que je l'ai connait!... de bons clients... Surtout les petits jeunes. Il viennent pratiquement toutes les semaines me commander des pièces, des sélecteurs, des guidons... Ah! ça! ils sont plus souvent par terre qu'en train de rouler..." Christian de chez "Cri-cri moto"
-"Boh...c'est vrai qu'y font bin un peu de potin avec leurs bondieuseries d'machines, mais dans le fond c'est des bons p'tits gars." Emile - habitant du quartier depuis 42 ans.
-"Ils sentent un peu l'essence et l'huile bouillie, mais ils sont marrants." Josie - serveuse au "Joe Bar".
NORTON 850
COMMANDO
Jean Manchzeck sur
sa 850 Commando MK1
La Norton de Joe l'Arsouille est l'héritière
"fiabilisée" de la 750 Commando apparue fin 67. Soignée de très près en 68 par
un ongénieur pilote génial, Peter William et le célèbre Bob Trigg, cette moto
mythique est un véritable objet de culte depuis sa naissance. Couple d'acier et
gueule de déesse: elle restera gravée à tout jamais dans les esprit rebelles
soucieux de sensations.
HONDA CB
750
Edouard Bracame
chevauchant sa fidèle CB 750.
En 1969, la HONDA 750 four, alias
"quat' pattes", impose son moteur quatres cylindres (quasi-révolutionnaire sur
une moto à l'époque), sur le marché internationnal. Grosse, impressionnante,
prête à racler le bitume de ses carters généreux et mauvaise freineuse malgré un
disque d'origine (une révolution en 69), la "quet'pots" est vite devenue une
légende malgré ses imperfections et sa reponsabilité dans la disparition des
Anglaises de renom. A noter que la moto d'Edouard a fait l'objet de quelques
modif' très en vogue au milieux des années 70, au niveau de la selle et de
l'échappement.
KAWASAKI 750
H2
Jean-Raoul Ducable en
"limande" sur sa célèbre 750 Kawasaki H2.
C'est en 72 que ce
fabuleux 3 cylindres - 2 temps montre ses dents acérées alors que Jeannot la
Case se paye la version verte de 74. Capable de 200 km/h et 12'' au 400 mètres
départ-arrété, la H2 écumait les routes à l'affût de toute confrontation rivale.
Une fleur des pistes bourrée de couple qui se dandine à souhait et freine
"léger" mais ne cinnait su'un seul mot: "GAZ".
DUCATI 900
SS
Guido Brasletti dans la
bulle de sa 900 DUCATI.
Dès 77, la ducati 900 ss fait réver; une
bête de course pour la route est née. Rigide, saine, bonne freineuse et animée
par le puissant bicylindre en V auréolé de victoires, c'est LA moto qu'il faut
pour compléter le Joe Ber Team. Phil Read, Paul Smart et le grand Mike Haimwood
(Mike the Bike) auront posé leurs mains qacrées sur le guidon de cette grande
dame pleine de couple à la ligne pure et dure.
HONDA CB 1000 BIG ONE
Edouard Bracame, le nez dans les compteurs de sa 1000 Big
one.
l'énorme Big One, avec son 4 cylindres en lign, sa selle
rabaissée et son grand guidon, coole parfaitement à l'esprit dans lequel Ed la
poignée avait customisé sa vieille 4 pattes dans les années 75. Le gros moteur à
refroidissement liquide, emprunté à la 1000 CBR, trahit la modernité de cette
superbe machine dont les lignes agressives évoquent indéniablement le look
"production" des motos de série modifiées qui animaient le championnat U.S. à la
fin des années 70.
TRIUMPH 900
DAYTONA
Jean Manchzeck à l'attaque sur
sa 900 Daytona.
Remisée dans un coin d'atelier,la vieille Norton
Commando du père Manchzeck a cédé la place à ce sublime café-racer d'outre
manche. Le look un poil rétro de cette machine abrite une mécanique résolument
moderne. Puncheur à souhait, ce trois cylindres 4 temps issu de la Triumph
Trident propose un agrément et des performances de tout premier
ordre.
SUZUKI 750 GSX-R
W
Jean Raoul Ducable en limande sur sa
750 GSX-R
Inconditionnel de Kawasaki dans les années 70, Ducable n'a
pas hésité à trahier sa marque fétiche pour rester au top de l'arsouille sur
route ouverte. Après avoir pulvérisé une bonne poignée de 500 RDLC et Suzuki 500
Gamma, célèbres pour leurs 4 cylindres 2 temps issus de la cours, Jeannot la
Case a délaissé les cylindres à trous, faute de pièces disponibles, pour se
tourner vers la sportive 4 temps. Véritable bête de circuit mais trop exclusiv,
la 750 ZXR Kawasaki a finalement été écartée au profit de la Suzuki GSX-R, plus
efficace sur route. Des belles années sur sa 750 H2, Jean Raoul n'a conservé
qu'un vieux blouson rapé, vert Kawa évidemment.
DUCATI 900 SS
Guido Brasletti dans la bulle de sa Ducati 900
demi-carénée.
L'archarnement du constructeur Italien à ne jamais
baisser les bras face à l'envahisseur nippon, permet à ce vieux Guido de
chevaucher, aujourd'hui encore, cette bonne vieille 900 desmo. Cela dit, si le
nom reste inchangé, l'ensemble de la partie cycle est l'immuable bicylindre en
"L" ont suffisament évolué pour que la grosse Ducat' demeure une arme
redoutable. Brasletti a choisi la version demi-carénée en homage à la vieille
900 qui fit sa gloire.
HARLEY DAVIDSON 883
SPORTSTRACK
Jérémie Lapurée, faussement
relax sur sa harley sport.
Exit le minuscule et désormais rarissime
Dax de chez Honda. Jéjé l'Aspi', friand de machines d'exception, n'a pas hésité
une seconde à casser sa tirelire (et la caisse des 3 épiciers de la rue) pour
s'offrir la première traite de cette sublime Harley Davidson. Ramenée des States
par un pote de Bracam, docker au Havre, cette réplique de 750 XR, reine des
ovals de Short Track américain, est en fait un classique 883 Sporster relooké et
quelque peu vitaminé. Taillée pour la glisse, cette Harley très spéciale possède
une gueule dévastatrice et un tempérament moteur à l'emporte-pièce. Si j'ose
dire.
YAMAHA 600 XTE
"SUPERMOTARD"
Paul Posichon, guettant
l'arsouille sur son 600 trail.
De la mob de course très spéciale sur
laquelle il s'était fait les dents (le dos, les genoux etc), Paulo a garder le
gout de l'engins vif et maniable. Son penchant pour les travers (à moins que ce
ne soit le contraire) et sa préférence pour le bitume l'ont amené à modifier ce
trail bike en vue d'une utilisation exclusivement routière. La roudoutable
agilité de l'ensemble, alliée au caratère enjoué du monocyclindre 4 temps, peu
puissant mais allerte, font de cette machine un outil diabolique en ville et sur
parcourt très sinueux.
YAMAHA 1200 V
MAX
Pierre Leghnome, luttant contre le
vent sur sa Vmax.
Passant du scooter à la 1200 Vmax, Pierrot la
Fouine ne fait pas dans la demi-mesure. Monstre au coffre d'acier, ce 4
cylindres en V apparu en 86 c'est immédiatement forgé une réputation de dragster
des rues. Son énorme couple moteur, son poids repectable, sa tenue de route
aléatoire et son freinage peu efficace, demande un coeur solide et des bras
d'acier à celui qui osera essorer dignement sa poignée de gaz.